Éditorial

Même distillé à petite dose, le poison tue. Des «petites phrases», apparemment anodines, ont pour effet (et sans doute aussi pour but) de déstabiliser une personne ou un groupe social, même lorsqu’elles ont une allure objective, même lorsqu’elles sont dépourvues d’humour ou d’ironie. Cette idée nous revint récemment à l’esprit à la lecture de deux « petites phrases » concernant les femmes.

Dans un article, un journaliste interroge un psychologue sur l’évasion d’un délinquant malade mental en sortie autorisée. Le psychologue déclare que cette évasion n’est pas étonnante, parce que l’accompagnant de ce délinquant fut une jeune femme inexpérimentée. Pourquoi ne pas dire une personne inexpérimentée?

D’autre part, un groupe de médecins de garde en ville, (adversaires de la limitation du nombre d’étudiants en médecine) déclare qu’on doit s’attendre sous peu à une pénurie de médecins pour les gardes en raison de la féminisation de la profession, les femmes étant moins disposées à accepter une surcharge de travail. Cela est-il nécessairement un mal?

Heureusement dans le même temps le « Journal du Médecin » consacre tout un dossier objectif et favorable à la femme-médecin.

Une autre manoeuvre subtile nous a été communiquée pour départager les candidats et candidates à une promotion dans une entreprise. Celle-ci entend montrer son objectivité en confiant à une firme extérieure l’examen de dossiers anonymes portant des références chiffrées. Pour les dossiers des femmes le dernier chiffre de cette référence concerne le nombre de leurs enfants.

Faut-il s’étonner de cette manoeuvre quand on sait que les investigations dans la vie privée des femmes sont faites plus fréquemment que dans la situation familiale des hommes?

Cette attitude se retrouve dans l’enquête socio-économique 2001. Une question est posée uniquement aux femmes.

Il y a du travail en vue pour l’Institut sur l’égalité des chances entre hommes et femmes!

A.H.

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